Carole Martinez, hier professeure de lettres, aujourd’hui romancière, a publié quatre romans dont Le Coeur cousu pour lequel elle a été lauréate du Festival en 2008. “Je mets entre 15 et 4 ans pour écrire un roman, je suis bien dedans quand j’écris, je voyage […] il y a des voyages qui font tellement plaisir que je pourrais y rester indéfiniment” confie-t-elle.
Ses premières rédactions réalisées à l’école lui ont donné envie d’écrire. Elle ne s’imaginait pas forcément être publiée, c’était un peu comme un rêve impossible. “Je ne voulais pas qu’écrire soit un besoin mais que ça reste un plaisir, un désir. Aujourd’hui, il faut que j’avoue que c’est un besoin, ça m’a permis d’avancer”.
Carole Martinez a été marquée par la grosse enveloppe kraft qu’elle a reçue pour son premier roman, remplie de lettres de jeunes lecteurs de Chambéry : “J’ai trouvé ça incroyable, fantastique ! […] C’est dans des festivals comme le Festival du premier roman de Chambéry qu’on se rend compte qu’il y a vraiment des gens qui nous lisent. […] Le lecteur reste virtuel jusqu’au moment où on le rencontre. On espère une forme de partage, un lien entre soi et les autres, on n’est pas tout seul, ça m’a donné confiance”.
Carole Martinez remarque qu’il est très difficile d’exister dans l’univers littéraire au vu du très grand nombre de premiers romans qui sortent chaque année. Les manifestations comme le Festival du premier roman de Chambéry permettent à ces livres oubliés d’être rattrapés. “Dans la carrière de mon livre Le Cœur cousu, Chambéry et d’autres festivals ont été essentiels.”
Son expérience au Festival a été marquée par une belle rencontre : Je me souviens d’une bibliothécaire, Yasmina, qui est aveugle, magnifique femme. C’est elle qui m’a remis l’enregistrement de mon livre destiné aux personnes en difficulté de lecture. Il y avait je ne sais combien de CD à l’intérieur. Je l’ai encore. Je me souviens avoir été tellement émue. C’était un cadeau magnifique ! Un fort en émotion.
Avant d’être autrice, Carole Martinez est lectrice et ce depuis son plus jeune âge. Elle se trouvait empêchée par sa maîtresse de lire à la récréation. Je suis reconnaissante, ça m’a permis d’être dans la lecture mais aussi avec les autres. Elle a rendu la lecture encore plus intéressante. Passer du temps avec les autres est très important. Les moments de lecture sont des moments d’intimité. C’est bien d’arriver à faire les deux. Le livre ne doit jamais être un obstacle entre soi et les autres mais permettre de se déployer sans jamais oublier le reste. On comprend l’autre notamment avec des livres. Il faut gérer les deux, trouver cet équilibre. C’est lors d’une rédaction en CM2 que Carole Martinez a écrit sa première histoire. La consigne était : “Racontez-vos vacances”. Cette fois ci j’avais des vacances un peu originales ! J’étais allée en Espagne, c’était la première fois que je traversais une frontière. J’avais demandé à ma grand-mère de me réveiller à ce moment. Je pensais que j’allais sentir quelque chose physiquement. J’ai donc raconté ma déception du passage de la frontière. Il n’y avait rien de magique. Ma rédaction a été lue en classe et adorée par la maîtresse. Cet exercice scolaire m’a permis de raconter quelque chose de personnel, c’était comme une clé. Une première fois pas décevante !
Venez rencontrer et échanger avec Carole Martinez lors du 34e Festival, du 27 au 30 mai 2021.