Petits ou grands lecteurs, à la recherche d’un livre à découvrir, à partager, à offrir ? Voici un avis de lecture sur l’un des premiers romans francophones en lice pour le prochain Festival du premier roman !
La trajectoire des confettis de Marie-Eve Thuot (les Herbes Rouges / Les éditions du sous-sol)
“Sexe, amour et procréation , tel est le thème de cet immense premier roman de six cent pages que l’auteur développe autour d’une famille québecoise dont elle fait remonter les origines jusqu’en 1899 pour montrer l’évolution des mœurs jusqu’à notre époque moderne. Ils sont trois frères et un demi-frère ; tous les quatre ont une vie sexuelle atypique ; l’ainé a une libido surdimensionnée , aucune jalousie mais de l’amour pour une femme enfant qu’il a épousée et vit , comme lui, des aventures multiples; le second, Xavier, timide au contraire reste chaste pendant plus de quinze ans après un traumatisme qu’il cache ,avant de retrouver l’amour; le troisième, Louis, ne peut rester avec une femme plus de six mois sans blocage sexuel. Enfin le dernier, Justin, fils d’un second mariage du père , père lui-même d’une petite fille que la mère lui a laissée sur les bras , vit avec une vétérinaire aux dix chats qui ne veut pas d’enfants…Les femmes justement dans cette famille nombreuse et recomposée ,sont l’exemple que l’époque ancienne où le QUEBEC n’avait pu garder son individualité , sa langue, face au Canada anglais soumis à la reine qu’en se multipliant rapidement (60 00 au départ jusqu’à 500 000 ensuite), que cette période de procréation forcée , encouragée par l’église est bien révolue ! L’amour de Zack est nymphomane et il se demande pourquoi l’inverse n’a pas de mot…L’amour de Xavier est mythomane et ne trompe son ennui que par des mensonges et des histoires rémunérées sur son blog ; l’amour et la fille de Justin refusent la procréation…Bref, l’auteur envisage toutes situations susceptibles de compléter son thème initial , même les plus extravagantes ( ex le neveu qui vit avec sa tante ; le prêtre en 1899 qui lit les passages osés de la Bible à ses ouailles ) Elle n’hésite pas non plus à décrire les scènes de sexe mais toujours dans le but de poursuivre son dessein , l’incroyable évolution des femmes et des couples , mariés ou non , au 20ème siècle . .La dernière partie du roman ( 2027) met donc la lumière sur Rosalie, fille de Justin, bisexuelle, militante résolue dans des sectes extinctionnistes prônant la fin de la procréation par tous moyens , sorte de fin du monde actuel en progression vers la fin des mariages classiques et le lancer de confettis à la sortie de l’église. Tous ces thèmes essentiels ont été intégrés dans un roman qui se lit avec un grand plaisir malgré sa longueur mais cette lecture se fait à deux niveaux . La profondeur de réflexion de l’auteure est remarquable et documentée. Certains lecteurs et lectrices peuvent être néanmoins choqués par la crudité réaliste de certains passages (sexuels ou médicaux). Pour nous, amateurs en sociologie et lecteurs acharnés, c’est un grand premier livre !”
Laure, lectrice du comité d’Aix les Bains