Lectures Plurielles s’invite dans les établissements pénitentiaires pour pallier l’absence de lien à l’autre et offrir aux détenus une ouverture culturelle. Les auteurs viennent à leur rencontre pour échanger sur leurs écrits, leurs lectures et leurs sensibilités.
Grâce à l’investissement du SPIP de Savoie et de l’ASDASS des Centres pénitentiaires d’Aiton et de Chambéry, et de l’Unité Locale d’Enseignement du Centre pénitentiaire de Bourg-en-Bresse, les détenus peuvent eux aussi rejoindre un comité de lecture pour découvrir les premiers romans tout au long de l’année, et voter pour leurs favoris.
Voici leurs avis de lecture sur les romans en lice pour le 30e Festival du premier roman :
- Les Âmes rouges de Paul Greveillac
« Un roman lucide sur l’URSS après Staline. Jamais médisant, exempt de clichés ou de facilités qui font souvent partie des longs romans. (450 pages) Il est servi par un style fin, une histoire haletante, des personnages complexes et attachants au développement psychologique abouti. Paul Greveillac n’a rien à envier aux auteurs « confirmés ». Beaucoup de références qui sont toujours très intéressantes. Jamais méprisant ou pédant envers le lecteur qui n’aurait pas toutes les (très) nombreuses références. Il mérite le prix du meilleur premier roman et pourquoi pas le prix Staline ! Il créé une ouverture sur d’autres oeuvres russes et sur d’autres faits historiques. » – Adrien
- Celui-là est mon frère de Marie Barthelet
« Une adaptation moderne du Mythe de Moïse et le Pharaon mais du point de vue du tyran. Le style est très pauvre, la transposition moderne du récit n’apporte malheureusement rien, aucun regard neuf ou la moindre forme de réflexion faute de personnage complexe. Le lecteur est seulement motivé par l’absurdité et le ridicule de certaines scènes, de certains personnages et se demande où va s’arrêter ce plagiat éhonté. Quand un premier roman manque à ce point d’inspiration l’avenir littéraire de l’auteur est, je pense, plus que compromis. » – Adrien
- Petit pays de Gaël Faye
« Ce roman présente une qualité rare, il peut (et doit) plaire à tout un chacun, jeune ou pas, lettré ou pas, blasé ou pas. Et ceci pour plusieurs raisons. Tout d’abord le style est sobre, simple, en recelant de petites merveilles de poésie, de philosophie de la vie. Et puis le récit est très prenant, avec un fond d’histoire récente tragique très bien rendu. Enfin je ne vois pas comment on pourrait ne pas aimer ce roman qui m’a sincèrement ému. Ça dit tout d’un génocide sans entrer dans les détails sordides. » – Éric « J’ai aimé la sobriété du style. Il porte en lui une gravité profonde. » – Adrien
- Dérailler de Brigitte L’Archevêque
« Geneviève a tout pour être heureuse : un mariage, un fils, un travail. Bon, c’est un mariage gay avec son épouse Catherine. Bon, elle a porté son fils né d’une fécondation in vitro. Ce fils est plus souvent avec Catherine. Lassée, elle va sombrer dans la mélancolie et sur un coup de tête se laisse emportée par la famille d’une auto stoppeuse rencontrée sur la route de son travail. La vie burlesque, déjantée, déglinguée qu’elle découvre la choque mais la rassure en même temps. Comment peut-elle supporter ce bordel ? Comment peut-elle accepter l’amour d’un homme ? Complètement délirant c’est un roman plaisant à lire et distrayant. » – Jean-Luc
- Rénovation de Jean Renaud
« Ce roman est-il psychologique, une affaire de comportement humain ou tout autre chose : je m’interroge encore ! Un jour un homme habitant depuis peu dans un appartement reçoit la visite de deux hommes qui, sans lui demander son avis, rentrent chez lui pour rénover son appartement. Puis il se réveille dans un centre comme un hôpital psychiatrique. Il est alors entraîné dans la spirale d’une société de construction de manèges …Inquiétant, déstabilisant, un roman complexe. À discuter. » – Jean-Luc