A l’automne 2020, Lectures Plurielles a proposé à l’écrivain et éditeur Alexandre Civico de s’immerger dans le quotidien du Centre Pénitentiaire d’Aiton (Savoie), pour vivre ce microcosme à la rencontre des détenus, surveillants, conseillers pénitentiaires. Il a entre autre partagé son univers artistique avec les détenus, grâce à des ateliers d’écriture. Bien que le projet n’ait pas pu se dérouler comme prévu – à cause de la Covid 19, Alexandre Civico a vécu une expérience incroyable, unique, exceptionnelle. Il n’a jamais rien vécu d’aussi fort.
Lors des temps de rencontres avec les détenus, une relation de confiance s’est créée avec l’auteur. Il ne s’est pas intéressé aux raisons qui les ont amenés à être incarcérés, pour éviter les a priori. Il les a considérés comme des être humains avec qui il pourrait construire une histoire. Tous étaient sur un pied d’égalité : chacun avait beaucoup à apprendre des autres. Ils se sont pris au jeu, racontant la prison sans filtre, sans misérabilisme, sans rien omettre : le légal comme l’illégal. Ils ne témoignaient pas de leurs vies, mais étaient actifs dans la création de l’histoire : leur quotidien est devenu romanesque !
Tout est passé par la parole, les détenus ont raconté leur réalité et cela a constitué la base de départ pour l’écriture. Les ateliers sont devenus des espaces d’échanges entre détenus, où les plus anciens apprenaient des choses aux primo-arrivants. Nous n’avons pas vu le temps passer, c’était magique.
Avant ce séjour, Alexandre Civico aurait décrit une prison “noire”, triste. Cette expérience lui a montré les nuances, les joies, les rires, les peines qui parsèment cette micro-société. Il est passé d’une prison stéréotypée et fantasmée à un environnement dont il a perçu la réalité. Ce qu’Alexandre a vécu pendant cette semaine nourrira son prochain roman, qui se déroulera notamment en prison.